tao blog: pour le feng shui et la philosophie taoïste

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les 7 pêchés capitaux se retrouvent-ils dans la pensée taoïste?

 

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Créer des passerelles entre les cultures, quoi de plus palpitant ? Les sept péchés capitaux sont une notion 100% chrétienne, à tel point qu’on a du mal à y voir un parallèle avec la pensée orientale, et chinoise en particulier, a priori beaucoup moins culpabilisante envers les défauts « moraux » des humains. Et pourtant, le vocabulaire est différent. Mais n’y a t il pas des parallèles ? Quid des divergences et convergences des 7 péchés capitaux…

Mais d'abord, petite révision, pouvez-vous les citer tous?
 

L’ Orgueil 

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C’est un sentiment exagéré de sa propre valeur, une estime excessive, qui conduit à se mettre au-dessus des autres.  « c’est le mépris de tout sauf de soi-même », nous dit le philosophe Théophraste. On voit bien en quoi l’orgueil peut être considéré comme un péché capital, puisqu’il amène à guider notre entière conduite, et cette attitude injustifiée de nous-mêmes ne peut que polluer tous nos actes. En somme, l’orgueil est une question de positionnement par rapport à notre environnement. Et nous sommes là directement dans la pensée chinoise : « quelle place est-ce ce que j’occupe ? » La clé d’une vie harmonieuse est d’être à sa juste place: lorsque nous agissons en tant que père, fils, épouse, chef d’entreprise, ouvrier ou paysan, peu importe ce que nous sommes au niveau social, si finalement nous avons la conviction de savoir quoi faire et d’agir au mieux pour accomplir ce qui doit être fait par nous. Nous agissons de façon authentique. Or, l’orgueil, qu’il soit de composition (cacher un manque d’estime de soi) ou au contraire un excès d’égo, nous dé-positionne de notre place réelle. Il n’y a pas de notion de moralité, telle que « se penser au-dessus des autres est mal ». Nous sommes là dans la pure tradition chinoise, plus confucéenne que taoïste.

 
Dans le taoïsme, l’orgueil est corrélé à une notion d’usurpateur : nous n’agissons pas en cohérence avec ce que nous sommes réellement, mais plutôt guidés par ce que nous aimerions que les autres pensent que nous soyons. Derrière cela, il peut y avoir des répercussions sociales, mais aussi et surtout personnelles : « connais-toi toi-même » est une injonction commune à toutes les cultures pour qui veut progresser. Cultiver l’orgueil se fait au détriment de l’étude de nous-mêmes. C’est refuser de nous observer et de nous accepter tels que nous sommes. La vraie recherche est d'être non pas "mieux que...", elle n'est même pas d'être un bon époux ou une bonne mère ou un bon employé, mais elle est d'être au plus près de soi-même, de sa vraie nature.
 

 

La luxure 

 

C’est la recherche du plaisir sexuel, et du seul plaisir (comprenez : sans objectif de procréation). La vision chrétienne est bien-sûr très morale, on ne reviendra pas dessus, car 

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elle nous est familière. Au contraire, la sexualité des orientaux a quelque chose de sacré, qui sublime les individus. Comment arrive-t-on à des notions si différentes ? C’est là tout le reflet de nos deux philosophies. Les chrétiens séparent très nettement le monde de la matière, en bas, lourd, vulgaire, de celui de l’esprit, qui est léger, en haut, pur. Le Ciel est le domaine des Dieux. On retrouve cette dichotomie Terre/ Ciel chez les taoïstes. La matière, le lourd, le bas, le Yin est lié à la Terre, alors que tout ce qui est spirituel, signe de pureté, d’élévation est à chercher dans les cieux. Pour autant il n’y a pas de notion d’un bien en haut ou d’un mal en bas. Les deux aspects nous sont nécessaires à part égale pour vivre. Chez les chrétiens, notre Dieu est en haut, notre Diable aux tréfonds de la Terre. Vous comprenez la vision négative du Yin dans notre culture…. La recherche d’un homme de bien est de bannir tout ce qui a trait à notre matérialité, notre bestialité, notre corps, pour se consacrer à l’esprit, à l’élévation. Les prêtres, en choisissant de se consacrer à Dieu, renoncent aux femmes. En revanche, les taoïstes (et les orientaux en général) vont chercher à unir ces deux aspects en  nous, partant du principe que l’Homme est justement l’union du Ciel et de la Terre. On voit donc bien que c’est notre rapport au corps qui est complètement différent. Les chrétiens, dont l’objectif est l’élévation vers le ciel, et l’éloignement de la matière vont faire la chasse à nos instincts animaux, dont la sexualité fait partie. A contrario, pour les chinois, la sexualité du tao est une manière d’unifier nos deux parts, elle est donc un moyen puissant de parvenir à un éveil spirituel, et dans tous les cas de renouer nos deux parts, que nous portons tous en nous.

 
 

La Gourmandise

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 « Goût immodéré des plaisirs de la bouche  conduisant à sa recherche ou à sa consommation excessive ».
La réputation des français n’est plus à faire en matière de gastronomie. Nous sommes connus pour notre goût de la bonne chair, et du bon vin. Les repas interminables, la recherche de bons petits plats sont notre quotidien et quelqu’un qui n’aime pas manger est plutôt qualifié comme n’étant pas un bon vivant. Terme péjoratif dans notre bouche ! (sans jeu de mot) La gourmandise est donc souvent perçue comme un « faux » pêché, c’est le plus excusable, le plus petit… Rappelons-juste que c’est l’excès dans la gourmandise qui est blâmable. Le nombre croissant d’obèses, avec leurs multiples problèmes de santé découlant de leur surpoids, suffit en lui-même à expliquer les méfaits de la gourmandise. A cela s’ajoute bien-sûr le caractère obsessionnel dans lequel un gourmand excessif peut vite tomber, car il faut manger plusieurs fois par jour ! Les chinois, quant à eux, adorent manger, leur rapport à la nourriture est tout aussi essentiel et passionné que les français ; mais il se compose d’une dimension supplémentaire, qui même si elle existe en France, est moins prépondérante : l’alimentation est la première médecine ; dans la médecine traditionnelle chinoise entre en première ligne la diététique. On se garde d’abord en bonne santé en mangeant bien (préventif) ; on guérit ensuite par les aliments (curatif), par un rééquilibrage de nos apports nutritifs. D’autre part, le pays ayant eu à connaitre de fortes famines dans son histoire, tout se mange, il n’y a aucun aliment tabou comme c’est le cas dans beaucoup de civilisations : pas de restrictions religieuses comme les animaux à pattes palmées ou à sabots bi-fendus ; par de réactions de dégout pour manger certaines espèces comme serpents, chats ou insecte. On ne prône pas non plus l’abstinence de viande, comme par exemple chez les hindous, même si sa consommation modérée s’est longtemps imposée d’elle-même, faute d’abondance. En somme, on pense à l’aliment avant tout en fonction de ce qu’il apporte de bon pour l’organisme (énergie, protéines, vitamines ; on va parler de renforcer le foie, la virilité, ou en terme plus médical, d’aliments qui vont renforcer le Yin ou le yang d’un organe, etc. ;). Bref la culture culinaire chinoise est ce que l’on rappelle en occident aujourd’hui : la vertu est dans la variété et la modération !

 

 

L'Avarice 

 

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L’avarice se définit comme un besoin d’accumulation et est associé à l’incapacité de donner (de l’argent, des biens matériels, et par extension : des sentiments, de l’attention). C’est une caractéristique humaine, quelle que soit la culture. Elle est décriée par les chrétiens car elle va à l’encontre du message fondamental du christ, qui est de donner, partager. On y retrouve donc une connotation morale particulièrement prononcée. Si l'on doit y rechercher un équivalent dans la culture chinoise, il y aurait deux voies: les taoïstes y verraient une forme de dysfonctionnement de notre système interne, car conserver, c’est aller à contre-courant du flux naturel du mouvement, et des interactions avec notre environnement. Accumuler s’assimile à un stockage, voire un blocage, générant donc un déséquilibre ; il est donc néfaste avant tout pour soi, puis en second lieu parce qu’il nous coupe des autres. Les flux naturels avec les autres sont interrompus, voire unilatéraux : je prends, je ne donne pas. Chez les confucéens, c’est davantage par rapport aux relations sociales que l’avarice porte préjudice, mais on y retrouve la même idée de blocage et de rupture à l’autre. Pour qu’une structure sociale fonctionne, il faut que chacun y contribue ; en somme, qu’il donne ce que sa fonction dans la société lui demande de donner. En retour, il peut recevoir. Les maitres de quelque culture qu’ils soient disent : « Vous voulez recevoir ? Alors donnez ! Commencez par donner ! Il n’y a pas d’autres solutions». Et retenir son don bloque donc l’échange aux autres.

 
L’avarice contribue au déséquilibre global d’un système. C’est comme une balance : l’avare accumule toujours et encore ses biens de son côté, au détriment des autres parties, qui en ont toujours moins. Au fil du temps, l’équilibre est plus que rompu.
 
Echange et modération sont deux vertus et l’avarice empêche l’un comme l’autre.
 

 

La Paresse 

 

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Très décriée par la religion chrétienne, elle a tendance parfois à être vue de façon moins péjorative par certains dans le monde occidental ; cela devient une forme d’intelligence élaborée que d’avoir envie d’en faire le moins possible ; les gens paresseux sont ingénieux, ils cherchent à simplifier les process. J’entends des gens dans des milieux professionnels me dire qu’ils cherchent plutôt à recruter des paresseux car c’est un gage d’efficacité. De même, j’ai rencontré un chirurgien qui voulait m’opérer, sans urgence, mais il m’a dit préférer le faire plutôt maintenant que dans quelques années, car il était « feignant » et que l’opération serait plus longue et compliquée plus tard. Je pense qu’il y a là évolution positive du regard sur le mot « paresse » mais qu’il ne s’agit pourtant pas là de la réelle paresse que de réfléchir et d’anticiper avant d’agir. On y retrouve justement la valeur taoïste d’économie du Qi en évaluant le bon timing pour agir. La période Yin précède la période Yang. Le temps Yin est réservé à la réflexion, l’étude, à la maturation d’un projet, ce n’est pas un temps inactif pour autant ; en revanche, le temps Yang est plus court, il est dans l’action juste et efficace.

Alors, qu’est-ce que la paresse, au juste ? Ce serait justement de passer à côté  de ces deux temps Yin et Yang, par négligence, indolence ou ignorance : ne pas mettre à profit les temps de réflexion, et ne pas agir lorsqu’il est temps de le faire. Car la réelle paresse, par l’amour du repos qui y est associé, nous pousse à négliger nos obligations.
 
 

 

La Colère

 

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C’est une grande frustration, se traduisant par un violent emportement et des manifestations d’agressivité. La colère est liée à la passion : par l’aveuglement qu’elle suscite, elle dérive très facilement dans la violence. On peut blesser verbalement, mais aussi physiquement. On peut détruire, tuer. Car comme le dit si bien l’expression « être sous l’emprise de la colère », c’est justement ne plus être maitre de soi-même. Pour qui veut devenir bon, extraire la colère de soi est donc incontournable. Chez les bouddhistes, elle fait d’ailleurs partie des trois poisons de l’esprit (avec l’avidité - proche de notre notion d’Envie - et l’ignorance –qui peut s’apparenter avec une certaine forme de paresse, celle de ne pas travailler à la connaissance). Chez les taoïstes, la colère est l’une des cinq émotions primaires (avec la Peur, la Joie, la Mélancolie et le Souci). Elle est associée à l’élément Bois, aux organes du foie et de la vésicule biliaire. C’est le printemps, l’Est, un nouveau démarrage. C’est une énergie primitive très brutale, mais totalement nécessaire, car c’est elle qui donne l’impulsion. C’est le réveil des terres et des consciences. Ce sont les pétards du carnaval. Cependant, elle n’a sa place que dans un cycle, et est bénéfique lorsqu’elle est canalisée. Sans cela, comme toutes les émotions (comme tout dans le taoïsme) en excès, elle domine les autres, voire les détruit, et empêche la réalisation d’un cycle de vie.

Il faut donc séparer ce qu’est la « bonne » colère, celle qui permet de créer quelque chose, qui est contenue et a un objectif bien précis, de la colère pour la colère, celle qui défoule, celle qui submerge, et qui  crée seulement ruptures et dégâts. On nous relate que Jésus lui-même  s’emportait (lorsqu’il a chassé les marchands du temple par exemple). Il n’y a alors malgré tout  pas que du mal dans cette émotion, même chez les chrétiens. Et là, taoïsme et christianisme se rejoignent dans la modération.
 

 

L'Envie 

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L’envie est ô combien répandue dans notre société ; je dirai même que c’est un des moteurs de notre économie ; l’envie d’acquérir ce que l’on n’a pas motive bon nombre de nos achats, et plus largement de nos comportements. Je ne parle pas que de biens matériels, mais aussi d’immatériel, comme par exemple des envies d’évasion, d’exotisme, ou d’avoir un corps mince, musclé ou bronzé. Envier son voisin, son ami, son collègue n’est plus si assimilé que cela à un péché, c’est somme toute assez naturel, et positivement, cela donne envie d’améliorer son propre sort. C’est même un ressort contre la paresse, d’une certaine façon. Et si l’on regarde les chinois, justement, eux-mêmes aspirent à notre mode de vie occidental, comportant plus de conforts, plus de facilités, et personne ne trouverait à y redire si cela ne  concourrait pas à la destruction massive des ressources de la planète. Alors, pourquoi l’envie est-elle un péché ? Alors même que c’est une vertu d’un point de vue économique, elle devient négative au niveau moral. Envier son voisin, c’est vouloir posséder ce qu’il possède, et peu importent les conséquences pour l’entourage, du moment que son désir est assouvi. C’est la double pulsion de possession et de destruction qui est condamnée. Et si l’on en revient à notre monde économique, la pulsion de confort à l’occidental pour tous est condamnable moralement car elle détruit notre terre. Quant à la pulsion de possession, elle est une autre facette de la pulsion conduisant à l’avarice et du besoin d’accumuler : garder pour soi est nuisible tout autant pour soi que pour son environnement. A quoi bon garder toujours plus que ce dont on a besoin pour soi, alors que d’autres manquent ? Voilà le fond de moralité universelle. Les raisons de déséquilibre que son envie provoque sur son environnement, voilà qui pourra entrer dans le champ taoïste, comme facteur négatif et condamnable, au même titre que dans le champ chrétien.
 
 

 En espérant que cette petite excursion dans le monde des pêchés vous aura plu...

 

Agnès Walter

 

 

 

 

 



26/05/2014
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