tao blog: pour le feng shui et la philosophie taoïste

Nous sommes dans un pays qui permet à chacun d’entre nous de choisir son dirigeant. Il n’est jamais inutile de le répéter : c’est une immense chance. Nombres de personnes se battent et meurent encore aujourd’hui à travers le monde pour accéder à ce qui nous parait la plus élémentaire et légitime des choses.

Nous avons le droit de choisir. Et le corollaire du choix est la responsabilité. Chacun a le droit de choisir, mais chacun a aussi le devoir de réfléchir à ce qu’il souhaite pour lui, pour son entourage, mais aussi pour la société dans laquelle il vit.

Ce petit acte de poser un papier dans une urne devrait être précédé par un questionnement : de quel type de dirigeant ai-je envie pour représenter mon pays ? Comment le portera-t-il et de  quelles qualités a-t-il besoin pour mener cette lourde tâche ?

Indépendamment des idées, qui sont personnelles à chacun d’entre vous, je vous propose comme base de réflexion l’exemple du rôle du souverain dans la philosophie taoïste.

Le souverain est le centre (et l’Empereur chinois était au centre de l’Empire du Milieu). Il est le pivot central autour duquel toutes les énergies se meuvent, et ce rôle nécessite avant tout des qualités de stabilité, de ténacité et de constance.

Il permet l’expression des diversités, nécessaires au bon équilibre de la société.

Regardez ce dessin, schéma élémentaire du taoïsme

 Au centre, l’énergie rassemblante est celle de la Terre. La couleur associée est  le Jaune, seul l’Empereur était autorisé à la porter.

Autour gravitent successivement et de façon équitable les 4 autres énergies(ou éléments) :

•    L’impulsion, la prise de conscience du Bois. Elle permet l’éveil des consciences. C’est le démarreur, celui qui secoue, qui ébranle. C’est le sceau de la jeunesse, de la fougue et de l’enthousiasme. Le « souverain » a besoin de ces énergies extrêmement vivifiantes et mobilisatrices. Mais il doit aussi veiller à les  canaliser, car l’émotivité et l’impulsivité sont très fortes.
•  La joie et le rayonnement du Feu, la force. Ce sont ceux qui agissent, qui sont sur le terrain. Ils appliquent les décisions. Le rôle du souverain est de leur faciliter leurs mouvements d’actions, mais aussi de canaliser la désinvolture, le manque de mesure et de responsabilité potentiel de ces personnes très actives, mais avec parfois un manque de recul et de réflexion.  Il est aussi là pour assurer la vision de l’après maturité, pour anticiper les phases de l’après pleine croissance, ou en tout cas pour veiller à ce que les énergies plus « réfléchies » anticipent bien l’étape d’après...    
• Le leadership et la maitrise des opérations, l’expertise est dans les mains des énergies Métal. Pointus, précis, avec une bonne capacité d’analyse, ils sont indispensables mais là encore le souverain doit veiller aux pendants négatifs : combattre la rigidité, l’excès de confiance, voire un certain pessimisme.        
• La réflexion de l’Eau. Hors de l’action, ces personnes nourrissent les visions, elles permettent de prendre du recul,d’anticiper. Leurs qualités ? La facilité à manier les idées, à communiquer, à « sentir » les choses. Le dirigeant est là pour soutenir leur audace. Mais il doit parfois combattre leur immobilisme et leur peur.

Ce qu'un dirigeant doit absolument savoir faire 

Il doit être capable de s’entourer d’une équipe complète, avec les 4 catégories de personnes. Il n’a pas besoin, ne peut pas posséder les qualités de tous, mais il doit posséder suffisamment de discernement et de finesse pour détecter le potentiel des personnes qui l’entourent et utiliser leurs compétences à bon escient. S’il lui manque des compétences, il doit pouvoir le reconnaitre et partir à la recherche de ce qui lui manque pour gouverner efficacement.

Ce qu’il ne doit pas être 

Il ne doit pas se substituer à l’un de ses collaborateurs. Ni Bois, ni Feu, ni Métal, ni Eau, mais chef d’orchestre. Il est là pour écouter chacun, et donner la parole et le pouvoir d’agir au bon moment à chacun d’eux.

Les travers dans lesquels le dirigeant peut tomber 

• l’immobilisme : accompagner le changement* tout en étant dans ce rôle constant de chef d’orchestre étant un exercice de haute voltige, le risque est de ne rien vouloir changer quand on a enfin construit une bonne équipe qui tourne. Il faut au contraire sans cesse changer l’équipe qui elle-même peut se figer dans une structure qui a tendance à se rigidifier.      
• Se déconnecter du terrain. Le dirigeant est au dessus des actions. Mais il ne doit pas être au dessus des réalités. Il est dans le monde matériel. C’est à une toute autre personne qu’est dévolu  ce rôle chez les taoïstes, une personne au dessus du souverain : le sage. Seule personne que, hiérarchiquement, le souverain peut consulter.

A présent, je vous invite à vous poser quelques questions.

En voici quelques unes : le candidat pour qui je vais voter possède-t-il des qualités de constance ? de ténacité ? de patience ?

Est-il capable de s’entourer des 4 catégories de personnes ? Celles qui secouent les esprits en poussant à s’interroger ? Celles qui agissent ? Celles qui ont l’expertise et les capacités de leadership ? Celles qui réfléchissent et communiquent ?

Est-il capable de gérer ces différents tempéraments, nécessaires mais avec des fonctionnements antagonistes ?

Est-il capable de les faire cohabiter et de reconnaitre pour chacun leur place et leur utilité ?

Est-il capable de chercher conseil auprès d’esprits plus éclairés que lui ?

Est-il capable de garder les pieds dans la réalité quotidienne du peuple qu’il dirige ?

Est-il capable de modifier sa stratégie sans perdre de vue  sa vision, son objectif de départ ?

A vous d’y répondre et de continuer à vous poser vos questions…

Agnès WALTER

*rappelons le, le changement est la base de la philosophie taoïste : «  la seule chose qui ne change pas, c’est le changement », dit le Yi Jing, le livre des… changements