La femme, l'espoir de la Terre
La journée de la femme, pour aberrante qu’elle soit, a au moins pour vertu de nous faire réfléchir sur la place de celle-ci dans l’humanité, et de façon plus globale, sur notre planète la Terre.
C’est au travers ma vision taoïste que je vous livre mes réflexions.
La Voie, ou Tao, a pour démarche et objectif d’unir le Yin et le Yang. L’un n’a de sens sans l’existence et l’épanouissement de l’autre. L’un n’a pas plus d’importance que l’autre. Alors que le Yang va puiser sa source, son énergie dans le Yin, celui-ci permet aussi au Yin de se réaliser et de s’épanouir. Le Yang ne vit pas sans le réservoir d’énergie que constitue pour lui le Yin. Le Yin vit mais ne produit rien sans le Yang, il est inerte, tel un potentiel inexploité.
Le Yin est incarné par la femme, alors que le Yang l’est par l’homme ; de la même façon, le Yang est Ciel, alors que le Yin est Terre. Amusez-vous à remplacer Yin par femme et Yang par homme dans le paragraphe précédent et vous pourrez peut-être prendre conscience de beaucoup de choses qui se mettent en place dans les relations homme- femme.
La femme et la Terre, même destin
Les cultures judéo-chrétiennes ont rompu un équilibre entre le Yin et le Yang. Pourquoi ? Parce que leur spiritualité est uniquement tournée vers le Ciel, et qu’en faisant ce choix, l’humanité s’est coupée de la moitié de son identité, la Terre.
Les hommes, incarnant les valeurs Yang du Ciel ont été propulsés au devant de la scène, au centre même de toute la construction des sociétés qui dominent aujourd’hui le monde. N’oublions pas que l’on s’est longuement interrogé sur l’existence d’une âme chez la femme, et l’on comprend pourquoi : la femme est liée aux énergies terrestres, dont le caractère divin est nié dans les religions monothéistes.
Un problème subsiste malgré tout dans ces sociétés Yang : on n’a jamais pu trouver le moyen de perpétuer l’espèce sans unir le Yin et le Yang. Des règles ont été alors établies : la femme est le réceptacle permettant à l’homme de pouvoir continuer à vivre. Inutile de revenir sur les ravages de ces sociétés pour les femmes. La sexualité étant pour elles le meilleur moyen d’exprimer l’équilibre Yin/ Yang, les rapports sexuels ont été codifiés, contrôlés, et susceptibles d’être soumis à des sanctions.
Lorsqu’on revient aux sources du taoïsme, l’épanouissement de la femme était le meilleur garant d’une vie harmonieuse et équilibrée; cet équilibre était compris au sens large : harmonie entre son corps et son esprit, entre la spiritualité et le quotidien, entre respect de la Terre et évolution spirituelle.
Dès lors que l’un décide de dominer l’autre, tout équilibre est rompu, et cela va bien au-delà de la condition des femmes. L’homme, en décidant de contrôler la femme, a aussi choisi d’exercer ce même contrôle sur la Terre, qu’il n’a plus vu comme un être vivant merveilleux capable de lui fournir tout ce dont il a besoin, mais comme une réserve immense, et pensait-il, illimitée où il suffisait de puiser sans jamais penser à la nourrir.
L’homme et la course en avant, la femme et le retour sur soi
Avec ses valeurs Yang très agressives et non plus tempérées par son opposé Yin, l’homme est alors parti dans une fuite en avant que l’on connaît : une expansion à tous les niveaux , je dirais même plus une recherche compulsive de croissance : villes, technologies, agriculture… en même temps qu’une sédentarisation qui témoigne d’un désir de posséder la Terre, et non pas de l’écouter et de la laisser se reposer quand elle en a besoin.
La femme, pendant cette période, a fait comme la Terre, elle s’est mise dans une position de survie. Le réveil de la Terre sonne aussi le réveil des femmes. Les femmes revendiquent l’égalité, la Terre tremble de ce que l’homme lui fait subir. Mais on le voit avec la virulence des mouvements intégristes, les hommes ne sont pas prêts à partager le Pouvoir. Et les femmes trop souvent utilisent des méthodes Yang pour revendiquer leur égalité. Quel dommage que la dualité soit vécue comme un rapport de force et non pas comme un équilibre. Pourtant, chacun a sa place et son rôle : le Yin nourrit, le Yang soutient. L’homme, de part l’urgence de la situation écologique, prend peu à peu conscience qu’un équilibre doit à nouveau être trouvé.
La sagesse du taoïsme
Souvent dans les milieux où la spiritualité est très travaillée, le corps a tendance à être oublié. La lecture des chakras montre souvent qu’un homme qui développe sa spiritualité travaille sur ses chakras supérieurs au détriment de ses chakras inférieurs, qui sont l’enracinement et le rapport à la vie terrestre et matérielle. Plus de 2000 ans de religions monothéistes sont inscrits dans nos gènes, et la spiritualité reste perchée « là-haut », dans le Ciel.
Le taoïsme, la Voie du Milieu, replace toujours l’Homme comme l’union du Ciel et de la Terre. Ainsi, la spiritualité passe par le corps : qi gong, travail sur la respiration, permettent un enracinement. De la même façon, la nourriture et la sexualité acquièrent une dimension spirituelle. On cherche à ne jamais séparer la spiritualité du matériel, l’esprit du corps. Nos sociétés y reviennent : par exemple, après avoir séparé le médecin du corps de celui de l’âme (prêtre, puis au vingtième siècle, psychiatre), la vision holistique revient progressivement au centre des préoccupations médicales.
Les relations homme/ femme ont aussi à y gagner : la femme qui veut réussir professionnellement aujourd’hui est souvent contrainte de développer des qualités Yang : ambition, dureté, rapidité, capacités de leader et de prises de décisions. Certaines sacrifient leur dimension Yin, alors que pour la majorité, elles doivent cumuler les deux, avec un épuisement et une insatisfaction manifestes… Ont-elle par ailleurs d’autres choix ? Le Yin est dévalorisé, pour ne pas dire dominé. Une femme dans son plein rôle de Yin n’est rien dans nos sociétés et se retrouve totalement démunie et sous le pouvoir de l’homme. Les hommes, à côté de cela, s’interrogent sur leur place et leur utilité, puisqu’au final, de plus en plus de femmes possèdent en elle les 2 dimensions. Et l’on arrive à créer ainsi un monde où le couple n’a plus de raison d’être. L’homme ne soutient plus la femme, la femme ne nourrit plus l’homme.
L’espoir de la Terre réside dans la femme. Elle doit travailler sur la valorisation de ses qualités Yin, se battre pour ces valeurs qui sont d’une puissance sans pareil et sont aussi une force pour l’homme : la ténacité, la constance, l’endurance, en même temps que la douceur, l’accueil, la réceptivité et pour finir, la re-connexion à l’écoute des autres êtres vivants : hommes et environnement.
Agnès Walter
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